Close
Accompagnement, financement, recrutement: Les trois défis fondamentaux d’une startup

Accompagnement, financement, recrutement: Les trois défis fondamentaux d’une startup

Programme B

Le Portrait de l’écosystème startup de Montréal de Bonjour Startup Montréal, lancé le 13 février dernier, a révélé plusieurs constats. Parmi eux, l’augmentation significative du nombre d’incubateurs et d’accélérateurs, la difficulté à trouver du financement au démarrage et à recruter des talents plus expérimentés. Deux entrepreneurs dévoilent leurs expériences et conseils à cet égard.

Parmi les observations de Bonjour Startup Montréal se trouve l’explosion du nombre d’incubateurs et d’accélérateurs dans des domaines toujours plus spécialisés tels la créativité, l’intelligence artificielle, le tourisme. Ce sont 76 % des entreprises qui sont passées par un programme d’accompagnement qui ont indiqué que l’impact de ce parcours d’accélération sur leur chance de réussite a été important (49 %) et même essentiel (27 %), selon un sondage mené par Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDEC).

C’est le cas de Flare Systems, une compagnie de cybersécurité et de technologie financière ou fintech fondée en 2017 par Mathieu Lavoie, Israël Hallé, David Hétu et Yohan Trépanier Montpetit. «On aide les institutions financières à réduire la fraude et à identifier des erreurs ou des comportements à risque de certains employés, même sans intention malicieuse», explique Mathieu Lavoie, président-directeur général.

Mathieu Lavoie, PDG de Flare Systems.

En se dotant d’une structure accompagnante comme Desjardins Lab, l’objectif était de comprendre cet univers et de notifier l’existence de la startup auprès du milieu. «J’étais un peu sceptique au début, je me demandais si c’était utile pour une entreprise en Tech, raconte-t-il. Finalement ça a été une belle surprise.» L’équipe en est sortie avec davantage de contacts, le soutien d’un premier mentor, puis a réitéré l’expérience avec Montréal inc. et Centech.

Faire ses devoirs

Il existe toutefois un risque de perdre du temps dans les incubateurs et les accélérateurs si l’on ne s’y dirige pas pour une raison précise. «Le danger des accélérateurs est de vouloir faire trop d’accompagnement, d’enseignement, de rencontres», témoigne M. Lavoie. D’où l’idée de bien cibler les structures qui correspondent à la startup. Les 4 cofondateurs de Flare Systems ayant des bagages de connaissance très techniques, il fut logique pour eux d’aller vers Centech dont la mission est d’ouvrir les horizons des entrepreneurs en Tech quant à l’ensemble des facteurs de succès des entreprises en démarrage.

C’est également l’avis de Sonia Israel, cofondatrice de Aifred Health, une entreprise utilisant l’intelligence artificielle pour aider les médecins en santé mentale à prédire quels traitements seront les plus susceptibles d’être efficaces pour un patient particulier. «Il faut s’assurer de faire ses devoirs pour savoir quel type de startup le programme héberge, en regardant ses partenaires, son réseau et les offres qu’il propose, affirme-t-elle. On peut même interviewer quelques startups qui ont déjà participé à l’incubateur ou l’accélérateur afin d’en apprendre davantage sur leurs expériences quotidiennes.»

Sonia Israel, cofondatrice de Aifred Health.

Être accompagné d’un.e mentor.e peut également être très bénéfique pour une jeune pousse, à condition d’avoir la bonne approche. Selon M. Lavoie, les mentors devraient conseiller adéquatement quant aux décisions déjà prises par les entrepreneurs, plutôt que de faire des choix à leur place. «Un bon mentor admettra qu’il n’a pas une seule solution à un problème, mais est là pour te donner des pistes et t’écouter», ajoute le PDG de Flare Systems.

Lever du capital

Selon le Portrait de Bonjour Startup Montréal, le financement demeure la préoccupation la plus importante pour une entreprise émergente alors que 70 % des entrepreneurs le voient comme le principal obstacle à leur croissance. Le financement public ou privé est d’ailleurs l’une des seules options pour les startups en prédémarrage et en démarrage qui peinent à générer des revenus dès leurs premiers mois d’activité.

«Les subventions gouvernementales sont l’avantage majeur du Canada, elles sont excessivement utiles pour les entreprises en démarrage», indique Mathieu Lavoie. Il mentionne l’aide à la commercialisation qui couvre une bonne partie des dépenses liées à l’expansion à l’international, de même que l’aide au développement technique.

L’entreprise de Sonia Israel a également bouclé ses deux premières années grâce au soutien financier de divers programmes gouvernementaux et concours. «C’est certainement l’une des meilleures façons d’injecter du fonds de roulement dans un démarrage très précoce, souligne-t-elle. Mieux encore, une grande partie de ces fonds ne sont pas négociables, c’est-à-dire non remboursables et sans aucune participation dans l’entreprise.» Elle estime que toutes les compagnies qui travaillent en recherche et développement devraient demander les crédits d’impôt, puisque les gouvernements fédéral et provincial offrent des incitatifs importants à cet égard.

Le capital de risque, lui, demeure moins accessible aux startups. L’accès à ce mode de financement est favorisé lorsque l’entreprise est déjà en phase de croissance, voire établie, puisqu’elle génère davantage de revenus. «L’accès au capital de risque est complexe, mais probablement plus sain, car cela permet d’établir une discipline et une vision de l’entreprise à long terme, ajoute M. Lavoie. Les entreprises qui y accèdent ont généralement un plus haut potentiel de réussite.»

Lorsqu’interrogé sur des mécanismes de financement alternatifs, le PDG mentionne HardBacon, entreprise qui a développé une application permettant à ses utilisateurs de devenir de meilleurs investisseurs.

Le défi du recrutement

Sur les 393 jeunes pousses sondées en mai 2019, 65 % ont indiqué que le talent n’était pas une contrainte à leur croissance. La tendance s’inverse pour les startups en croissance et celles établies qui ont besoin d’une main-d’œuvre plus expérimentée.

Selon Mathieu Lavoie, la meilleure stratégie pour recruter des talents est de rester proche des universités et des regroupements étudiants. «Ça permet d’avoir accès à un bassin de talents, motivés, ambitieux et autodidactes, fait-il savoir. Le défi reste cependant d’avoir les bonnes personnes avec quelques années d’expérience pour bien les épauler.»

Sonia Israel évoque quant à elle l’avantage d’entretenir un lien direct ou indirect avec le talent ainsi que la participation à des événements qui ciblent le profil démographique de l’employé recherché. «Pour ce qui est de trouver des talents de haut niveau, il est très difficile de le faire sans un bon réseau», concède-t-elle.

Une fois que les bonnes personnes sont recrutées, il faut aussi être capable de les garder. Pour avoir des employés loyaux sur le long terme, le Portrait suggère de les inclure dans la définition de la vision et des valeurs de l’entreprise.  

À la fin de l’année 2020, Bonjour Startup Montréal présentera une nouvelle édition de son Portrait de l’écosystème startup de Montréal en portant une attention particulière aux thèmes de la diversité et de l’inclusion.

🔎📸 Découvrez les photos du lancement du Portait de Bonjour Startup Montréal lors de l’Expo Entrepreneurs

Close
0